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Une Lexus noire aux vitres fumées nous conduit derrière la Tokyo Tower. Assis sur la banquette aux côtés de Miss Saeko, je n'ose pas la regarder, feignant de m'intéresser à la pâle copie rouge et blanc de la Tour Eiffel. Le chauffeur séparé de nous par une vitre coulissante arbore des gants blancs, comme un chauffeur de taxi. Il entre dans un sous-sol où deux hommes en costume noir saluent la voiture avec force courbettes. Miss Saeko et moi descendons, tandis qu'ils s'occupent de charger la Lexus dans un ascenseur qui va la caser dans un parking à étages. Miss Sako m'entraîne dans le hall de la résidence, une tour de quinze étages aux angles acérés, toute en verre bleu, avec un toit en forme de pyramide.
Un liftier déguisé en groom nous accompagne au dixième et s'incline devant Miss Saeko qui n'a pas dit un mot durant le trajet. Après avoir ôté mes chaussures comme il sied, je la suis dans un salon au sol parsemé de graviers gris, avec une cascade qui coule dans des bambous emboîtés les uns dans les autres. La maîtresse de maison s'éclipse, je m'asseois sur un tatami. Une servante surgie de nulle part m'apporte un plateau avec du thé vert et des sofuto kuriimu, des boules de glace parfumées au gingembre, disposées dans des petits cônes de gaufrette. J'y goûte du bout des lèvres, un oeil sur la sobriété zen des lieux, loin du brouhaha de Tokyo. Le temps s'écoule avec lenteur, rythmé par le bruit de l'eau. Lorsque la servante revient, elle tient un coussin de velours rouge à deux mains, orné d'un idéogramme qui signifie "Félicité". Enroulé dessus comme un serpent, un fouet noir au manche tressé, qui dégage une odeur de cirage et de cuir ancien. Elle me fait signe de le prendre et j'obéis.
- Madame vous attend ! Dozo.
Elle s'efface pour me laisser passer dans la pièce voisine, après avoir fait coulisser la cloison en papier de riz. Le coeur battant, je découvre Miss Saeko juchée sur une croix en bois, les chevilles et les mains liées par des noeuds de corde. Elle est nue, face à la croix, ses fesses blanches pleines d'anciennes marques de coups. Sa voix rauque résonne dans la pièce vide peinte en noire.
- Je vous attendais !
( A suivre)
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