![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh768B7lN8xhRb-bJeMdfhlpB1YZoMhQDR7tpN3czEJb-iivmfFFxDBvbaiCVPbg-LX1IYy1vNfCxltnGQ7H65tKp0M3zNfKnt30q8G_fI9z-tGoiq14y3ihcwdoqWALrKTu2nMMpCYhv0/s320/Tokyojanviersept+123.jpg)
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3y13bYWlTgGkvxKOz1OYDnPINmpzkcvX-EF4BaaHZY1VmWR_gecMcWnzHP381yLLjZEuAD8ev7xUgx3N5whY3pwenSZxZ1AGiqwVSiMYePcj3KyUTNxvjPoiSZlnZUy0AEp_Xh2CNkzo/s320/Tokyojanviersept+122.jpg)
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKMchG-qsPg25nHRr6MmbN4sDMM4NgktrQuovvSDFATseavBmNLFENx47hk9jramK3-ZewE2338IHbjMKlCtV8R8BibIH2mK3z1LSFK3AarZJ4cI0rY8tTXBbFzJ-UdXhI6WRoC64J5hk/s320/Tokyojanviersept+068.jpg)
Dans la salle, une odeur d'after shave et d'humidité imprègne l'atmosphère. Les sièges en cuir craquent, un boîtier indiquant une issue de secours clignote dans le fond. Mes yeux s'habituent à la pénombre, je vois les têtes des spectateurs en train de mater le film. Ils sont une douzaine, que des hommes. Sauf au premier rang où je devine une silhouette féminine, égarée dans ce ciné hard et essai. Les cheveux coiffés en chignon, transpercés par des baguettes en argent qui accrochent la lumière du projecteur, je ne vois que sa nuque. Distrait, je cesse de regarder la fille en train d'être flagellée pour essayer de mieux voir cette mystérieuse spectatrice. Je suis vite récompensé car voilà qu'elle se lève et remonte l'allée pour s'asseoir au troisième rang, à deux sièges de plusieurs types assis côte à côte. Intrigué par son manège, je scrute l'obscurité pour discerner ses traits. Entre deux âges, sans doute la quarantaine, petite et fluette, elle porte un imperméable. Dans le noir, sa figure a une pâleur fantômatique.
Pas le temps de m'interroger davantage, elle change à nouveau de position, alors que toutes les têtes se tournent vers elle. Cette fois elle s'approche de ma rangée et s'asseoit juste devant, sur le premier siège côté allée. D'une beauté un peu fanée, mais pas vulgaire, sa bouche brille, maquillée d'un rouge sang. Elle jette un coup d'oeil derrière et me repère. Elle a un léger hochement de tête, poli, puis fixe l'écran où la fille subit maintenant les derniers outrages, en levrette sur son tonneau. Quelques minutes passent, et la femme s'en va. Cette fois elle disparaît vers les toilettes, dont l'entrée se trouve sous le boîtier qui clignote. Comme dans un ballet bien réglé, quatre hommes abandonnent leur siège et s'éclipsent en une procession silencieuse vers les toilettes. C'est plus fort que moi, il faut que je sache ce qui ce manigance dans cet étrange cinéma de quartier.
( à suivre)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire