mardi 30 novembre 2010

BURQA LOVE


Le jour où j'enfilai la burqa, j'étais enfin libre. Le choc de la famille, la stupeur des voisins, avant l'exploration dans la cité dans mes nouveaux atours. Adieu Zara, H & M, les dessous achetés avec les copines. Sacrilège suprême, en l'essayant devant la glace de mon armoire, je n'avais rien dessous. Délice de la sentir à fleur de peau, les premiers frissons d'un plaisir inédit et interdit qui allait s'ouvrir à moi, dans la foulée de ma nouvelle vie. Etudiante le jour, hôtesse d'accueil le soir dans un showroom de 4 x 4 coréens, je décidai de tout envoyer balader du jour au lendemain. La quête sensuelle qui était la mienne à cette époque allait de pair avec un renoncement aux études et au travail. Guidée par ma seule foi dans l'ivresse des sens, plus sucrée qu'un thé à la menthe dont ma pauvre mère empoisonnait ses veines de diabétique à longueur de journée, j'étais prête à vivre loin des codes archaïques du bled. Saint Denis ou là-bas, la frontière n'est qu'administrative.

Pour mes premiers pas hors de chez moi, je mis les ballerines noires d'hôtesse pour être raccord avec la burqa. Dans le hall de l'immeuble aux boîtes à lettres éventrées et taguées, la crème de la paresse squattait le paillasson, matant des clips pornos sur des smart phones. Branleurs mais connected people. En me voyant débouler de la cabine, il y a eu comme une sidération totale, pareille à celle que ressentent les piétons irakiens après qu'un kamikaze se soit fait péter la panse.

( A suivre, Inch Allah !)

mercredi 3 novembre 2010

CHAO PRAYA RIVER











Ballade dans le Chinatown de Bangkok, authentique et grouillant. Après quelques dim sums au Canton House, je me faufile dans les ruelles vers le Pier 5. Sous un porche, une chinoise entre deux âges me hèle. Mince, en short kaki qui lui rentre dans les fesses et t-shirt Hello Kitty, elle est juchée sur des baskets à semelles compensées. Le détail propre à exciter un amateur dans mon genre. Tenaillé par l'envie de pisser après avoir ingurgité deux carafes de thé glacé, je la suis dans une piaule située au dessus d'une échoppe de crevettes séchées. Un ventilo rouillé brasse l'air moite. Vivian m'invite sur le bas flanc qui occupe la moitié de la pièce. Elle ôte son T-shirt et exhibe une sacrée paires de lolos. Assise en tailleur, elle ne bronche pas. En fond sonore, j'entends Alan Tam. Incapable de lutter contre ma vessie qui , tel un barrage contre le Pacifique, menace de se rompre, je ne sais plus quoi faire. Me prenant sans doute pour un timide, Vivian m'agrippe par la ceinture et m'attire contre le bas flanc. Dans la foulée elle sort mon gun et là c'est le geste fatal : je lui arrose les nichons. Elle ne cille pas, accepte l'obole généreuse, après tout elle en vu des gweilos louches dans sa jeune carrière. Une fois vidé, elle me nettoie avec sa langue... Je lui lâche une poignée de Baths et je file au Pier 5. Les eaux noires et agitées du Chao Praya me donnent à nouveau envie de ... pisser.