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Le jour où j'enfilai la burqa, j'étais enfin libre. Le choc de la famille, la stupeur des voisins, avant l'exploration dans la cité dans mes nouveaux atours. Adieu Zara, H & M, les dessous achetés avec les copines. Sacrilège suprême, en l'essayant devant la glace de mon armoire, je n'avais rien dessous. Délice de la sentir à fleur de peau, les premiers frissons d'un plaisir inédit et interdit qui allait s'ouvrir à moi, dans la foulée de ma nouvelle vie. Etudiante le jour, hôtesse d'accueil le soir dans un showroom de 4 x 4 coréens, je décidai de tout envoyer balader du jour au lendemain. La quête sensuelle qui était la mienne à cette époque allait de pair avec un renoncement aux études et au travail. Guidée par ma seule foi dans l'ivresse des sens, plus sucrée qu'un thé à la menthe dont ma pauvre mère empoisonnait ses veines de diabétique à longueur de journée, j'étais prête à vivre loin des codes archaïques du bled. Saint Denis ou là-bas, la frontière n'est qu'administrative.
Pour mes premiers pas hors de chez moi, je mis les ballerines noires d'hôtesse pour être raccord avec la burqa. Dans le hall de l'immeuble aux boîtes à lettres éventrées et taguées, la crème de la paresse squattait le paillasson, matant des clips pornos sur des smart phones. Branleurs mais connected people. En me voyant débouler de la cabine, il y a eu comme une sidération totale, pareille à celle que ressentent les piétons irakiens après qu'un kamikaze se soit fait péter la panse.
( A suivre, Inch Allah !)