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Rencontre unique à Nana Plaza, au Sphinx, pendant que j'attendais Preeya, en train de mater l'incendie du Central Center allumé par des Red Shirts en déroute. Juchée sur un tabouret, accoudée à la rembarde en bois qui court le long de la terrasse de mon QG, Leyla, jeune palestinienne de vingt ans. Elle m'aborde en m'offrant un badge confectionné par ses doigts de fée. Palestine vaincra, Palestine vivra. La calligraphie à l'encre rouge, comme le sang de sa petite fleur qu'elle m'offrira bientôt en guise d'adieu, a la sûreté et la beauté de celles des vieux maîtres. Avant d'aller se faire exploser quelque part, Kabul ou Jerusalem, Leyla s'est offert une virée à Ko Samui. Ultime voyage avant le Paradis promis. Dans ma piaule louée au Royal Nana, j'ai oublié Preeya. Avec la fougue de ceux qui vont mourir, Leyla a d'abord voulu s'envoyer en l'air avec un farang . Saint Just, toujours au mauvais endroit, hérite de la délicate mission. Je n'ai pas les mots pour décrire ces instants sublimes, où pulsions de vie et de mort s'entrelacent jusqu'au néant. Sa chatte gorgée de miel plus suave que celui de Chiang Mai, son sourire plus blanc que les toits des ruines de Gaza. Et moi, pauvre sniper de l'amour, tirant à blanc dans une ultime tentative de lui faire renoncer à sa chimère. A l'aube elle s'en est allée, métamorphosée en ange vengeur, déjà ailleurs. Depuis, j'ai les yeux rivés sur CNN, attendant l'annonce d'un attentat suicide commis par une jeune palestinienne que rien n'aurait pu détourner de son but. Une petite grande âme, comme l'aurait dit le père Hugo.